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KUNG-FU WUSHU SHAOLIN

Le Kung-Fu Shaolin est une discipline aujourd'hui connue et reconnue dans le monde des arts martiaux traditionnels. Parfois critiqué, parfois idéalisé, qu'est ce donc que cet art ?

Qu'est-ce que le Kung-Fu ? Qu'est-ce que le Wushu ? Qu'est-ce que Shaolin ?

sommaire

Le Kung-Fu Shaolin est à la fois un art martial redoutablement efficace et une philosophie de vie. Pratiqué et développé par des moines chinois spécialistes dans les arts guerriers, découvrons ce que le Kung-Fu Shaolin.

Qu'est ce que le Kung-Fu ?

On désigne couramment les arts martiaux chinois en Occident par le terme "kung-fu", popularisé par Lee Jun Fan/Lee Xiao Long (plus connu sous le nom de Bruce Lee) dans les années 1960. Cependant et bien qu'internationalement usité, le terme "kung-fu" ne signifie pas "art martial", et n'a littéralement aucun rapport avec les arts martiaux.

 

Le terme "kung-fu" est une transcription maladroite de "gong-fu" (功夫) qui signifie littéralement "travail personnel" ("gong" = "travail" ; "fu" = "personnel"). Ceci étant, les idéogrammes asiatiques ne traduisent en général pas des mots, mais des idées, comme leur nom l'indique. Il ne faut donc pas penser que le Gong-Fu désigne un travail que l'on effectue seul... Le sens est bien plus profond que cela et peut aussi dépendre du contexte. Toutefois, si l'on veut en donner une définition assez large et ayant vocation à s'appliquer à la plupart des occurences dans lesquelles il peut être employé, nous pouvons dire que le gong-fu désigne l'accomplissement personnel par la pratique d'une discipline demandant du temps et des efforts. Autrement dit, le gong-fu désigne la réalisation de soi à travers la pratique et la maitrise d'une discipline menant l'individu vers une forme d'épanouissement personnelle. Il s'agit donc ni plus ni moins d'une forme de développement personnel réalisée par l'intermédiaire de la maitrise d'une discipline quelle qu'elle soit.

Ainsi, on pourra dire du musicien qui aura passé des milliers d'heures à s'exercer sur son instrument afin de s'améliorer et de parvenir à une forme de maitrise lui permettant de pleinement s'exprimer à travers sa pratique qu'il a un bon gong-fu. Chose qui finira même par transparaitre de son jeu et que même un non-musicien ressentira en le voyant s'exécuter. De même, le peintre maniant son pinceau comme un Maitre aura un bon "gong-fu", tout comme le cuisinier sachant, à force d'une longue pratique, marier les ingrédients de sa cuisine comme personne, au point de faire naitre de nouvelles saveurs gustatives et olfactives indicibles et inénarrables.

 

Tout individu pratiquant intensément une discipline l'amenant à développer des habiletés particulières et à s'épanouir à travers sa pratique aura alors un bon "gong-fu". Tendre vers la maitrise d'un art quel qu’il soit impose à son pratiquant de la volonté, de la tempérance, de la patience ainsi qu'un dévouement total. Cette véritable implication de l'individu lui permettra, à mesure du temps et des efforts fournis, de devenir une meilleure version de lui-même. Voilà ce que désigne le gong-fu. Le fruit d'un long travail permettant l'épanouissement d'un individu à travers sa discipline ; une discipline allant jusqu'à ne faire plus qu'un avec lui et amenant ce dernier à se surpasser grâce à la maitrise de celle-ci... Cette maitrise et ce qui en découle, c'est ça le "gong-fu" !

Ainsi, un musicien, un cuisinier, un peintre, un calligraphe, un sculpteur peuvent avoir un bon gong-fu, mais aussi un plombier dans sa maitrise des gestes du métier, tout comme un médecin dans sa pratique de l'art médical. Finalement, toute pratique humaine peut être un gong-fu, du moment où celui qui la pratique vise cette forme de développement. Au demeurant, l'art défini comme un moyen d’expression et d'épanouissement d'un individu peut être synonyme de gong-fu, soulignant de surcroit que les deux peuvent tendre vers la maitrise d'une discipline.

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Wu Shu

Le gong-fu ne désigne donc pas les arts martiaux mais une forme de développement personnel. Faites donc attention si vous vous rendez en Chine un jour pour pratiquer les Arts martiaux, car si vous parlez uniquement de gong-fu, on ne vous comprendra pas... Le terme chinois signifiant "art martial" est "Wu Shu" (武术), "Wu" signifiant "la guerre" et "Shu", "l'art". Le wu shu est donc l'art de la guerre, ou l'art martial.

(notons également que le terme "wu shu" est aussi utilisé depuis une ou deux décades en occident pour désigner une pratique moderne des arts martiaux chinois dont je parlerai plus loin en qualifiant celle-ci de "Wushu moderne")

Gong Fu Wu Shu

Toute pratique pouvant faire l'objet d'un gong-fu, les arts martiaux aussi et, lorsque le concept de gong-fu est appliqué aux Arts martiaux, il désigne une forme de développement personnel et de réalisation de soi opéré par la pratique des arts militaires. On parle alors de gong-fu wu shu. Bruce Lee comme suscité, instaura le terme de gong-fu plutôt que de wu shu pour désigner sa pratique car il souhaitait mettre en avant la dimension philosophique de l'art. Toujours est-il qu'on peut se demander en quoi des techniques guerrières, qui vise donc à neutraliser, blesser voire tuer, peuvent être qualifier d'art ou de gong-fu car, comment voir une forme de développement personnel dans la pratique de techniques meurtrières ?

"Art" martial

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Comment peut-on concevoir le fait qu'une technique guerrière puisse être un Art ? Un Art est une forme d'expression personnelle. Un musicien jouant de son instrument ou un peintre laissant son pinceau se déplacer sur la tableau s'expriment à travers leur pratique, tout en créant des émotions à travers ce qu'ils font. Ils apprennent tout d'abord à maitriser leur discipline, puis peuvent ensuite s'exprimer librement à travers elle. Ce sont des artistes.

 

Mais en quoi les techniques guerrières peuvent-elles donc s'apparenter à cela ?

 

Les Arts martiaux (non pas les sports de combat) peuvent être qualifiés d'Arts car ils empruntent la même voie. Le pratiquant apprend tout d'abord la technique, puis une fois cette dernière acquise, il pourra s'exprimer librement à travers celle-ci, à travers chaque mouvement et sa façon de faire lui sera personnelle, unique ... L'Art vise la dimension spirituelle des techniques guerrières mais aussi la connaissance des autres, de soi-même, de la vie et du monde, et ne peut être ôté de ces dernières sans ôter l'essence-même de la pratique martiale. En cela, l'Art est intrinsèquement lié à la notion de Gong-Fu.

 

Je vous invite, pour plus de détails sur cette idée, à lire le très bon livre de Bruce Lee, Le Tao du Jeet Kune Do.

Qu'est ce que/Shao Lin Gong Fu/wu shu

Revenons maintenant au concept de Gong-Fu.

 

Selon mes précédents raisonnements, ce que l'on désigne par l'appellation de "Kung-Fu Shaolin", ou plus rigoureusement par "Shao Lin Gong-Fu", est la recherche du développement personnel à travers la pratique des techniques de Shaolin.

 

Qu'est ce que Shao Lin ?

 

Shaolin désigne un "Wu Shu", un Art martial, né dans un monastère chinois situé dans une forêt que l'on appelle "Shao Lin", "Shao Lin" signifiant littéralement "jeune/petite forêt" (certains auteurs pensent que le terme de "shao" ferait ici référence au mont "Shaoshi", une des montagnes du Mont Song). Le monastère, ou temple de "Shao Lin" serait donc le temple de la jeune/petite forêt ou temple du Mont Shaoshi.

 

Dans ce temple s'est développé un Art martial, que l'on a appelé l'Art martial de "Shao Lin" ("Shao Lin Wu Shu"). Cependant, ses pratiquants étant des moines bouddhistes, pacifiques par nature, leur pratique des Arts martiaux n'a toujours eu qu'un seul but : le développement personnel, soit le développement du corps par le travail de l'esprit et le développement de l'esprit par le travail du corps ; et in fine, le "Gong-Fu".

Dans ce temple s'est développé un Art martial, que l'on a appelé l'Art martial de "Shao Lin" ("Shao Lin Wu Shu"). Cependant, ses pratiquants étant des moines bouddhistes, pacifiques par nature, leur pratique des Arts martiaux n'a toujours eu qu'un seul but : le développement personnel, soit le développement du corps par le travail de l'esprit et le développement de l'esprit par le travail du corps ; et in fine, le "Gong-Fu".

Un peu d'histoire : aux origines de Shaolin

"Tous les Arts martiaux sont nés sous le ciel de Shaolin"

 

Si l'on en croit ce célèbre proverbe, le temple Shaolin serait le berceau de tous les Arts martiaux. L'histoire du temple de Shaolin et de ses moines-combattants, tout comme l'histoire de la plupart des arts martiaux asiatiques et en tout cas, des arts chinois et japonais, est pleine de légendes bien souvent confondues par leurs pratiquants avec la vérité. Une légende mérite d'être lue, mais pas d'être crue. Rien n'étant plus proche du vrai que du faux, il s'avère parfois difficile de discerner ce qui provient de l'histoire et ce qui ne relève que de la mythologie martiale. Et les légendes concernant Shaolin ne manquent pas... Néanmoins, il ne faut pas croire pour autant que l'existence de moines-combattants à Shaolin relève des comptes de fées. Le temple de Shaolin fut fréquemment engagé politiquement et une partie des moines qui y vivaient étaient de véritables guerriers, très loin des idées pacifiques que l'on concède au bouddhisme...

L'histoire de Shaolin

 

L'histoire de Shaolin commence il y a plus de 1500 ans en Chine, en 464 plus précisément, lors de la dynastie Wei (de 386 à 581), lorsqu'un moine indien du nom de Batuo vint en chine afin de prêcher le bouddhisme theravāda. Batuo prêcha de nombreuses années sa doctrine jusqu'à ce que l'empereur de l'époque, Xia Wen, le remarque. Ce dernier ordonna alors la construction d'un temple afin que Batuo et d'autres moines itinérants puissent bénéficier d'un lieu afin de retranscrire les sutras indiens en chinois. Ce temple fut nommé Shaolin. Il fut construit dans la province du Henan sur la face nord du mont Shaoshi dans les monts Song. On ignore la date exacte de construction du temple car les rares sources historiques sur le sujet se contredisent. La date généralement retenue est celle de 495, mais il se pourrait aussi que le temple ait été construit en 477 ou encore, en 497. Quoiqu'il en fut, Batuo intégra le temple une fois sa construction achevée et devint ainsi le premier patriarche de Shaolin. Parmi les disciples qui l'entouraient, certains dit-on, possédaient de grandes aptitudes martiales et étaient possiblement d'anciens militaires tel le moine Sengchou ( 僧稠 ). Dès les premières années de Shaolin, certains moines étaient donc probablement de très bons combattants, et cela ne fera que croitre au fil des siècles. Toutefois, faisons une pause dans le récit pour parler de la légende de Da Mo.

La légende de Da Mo, créateur des arts martiaux et du Bouddhisme Chan

On raconte que vers 525, un moine persan originaire d'Inde connu sous le nom de Da Mo (Bodhidharma) serait venu au temple de Shaolin afin de prêcher le Dharma. Pour des raisons inconnues, il se serait vu refuser l'entrée du temple par les moines et aurait alors décider de méditer dans une caverne située à proximité du temple durant neuf années. Les moines, impressionnés par les convictions religieuses de cet individu, finirent par l'accepter et le laissèrent entrer à Shaolin. Da Mo y aurait alors enseigné sa doctrine, qui deviendra plus tard le bouddhisme Chan (connu au Japon comme le Zen).

Da Mo remarqua à Shaolin que les moines, à force de longues heures de méditation, se trouvaient en très mauvaise forme physique. Il décida alors de leur enseigner quelques exercices visant à tonifier leur santé, notamment le célèbre Yì Jīn Jīng (classique de la transformation des muscles et des tendons). On raconte que ces exercices devinrent par la suite les fondements du qi gong, le travail de l'énergie ("qi" = "énergie" ; "gong" = "travail") et des arts martiaux de Shaolin. Par leur pratique, les moines auraient très rapidement développé une excellente condition physique ainsi qu'une santé de fer, ce qui les amena à créer d'autres exercices similaires devenant les arts martiaux du temple de Shaolin. Ils devinrent d'habiles combattants capables de se protéger des attaques des brigands et des voleurs, ainsi que des animaux sauvages et leur pratique s'exporta peu à peu du temple à travers tout l'Empire du milieu, donnant naissance à tous les arts martiaux. Telle est la légende de Da Mo à qui l'on attribue la paternité du Bouddhisme Chan et des arts martiaux de Shaolin, et finalement, de tous les arts martiaux.

Bien qu'étant un beau récit, il ne s'agit certainement de légende car à ce jour, aucun élément ne permet de penser que Da Mo tel que décrit en l'espèce soit véritablement venu à Shaolin, ni même qu'il ait vraiment existé. Da Mo est le fondateur d'un courant religieux et comme toute religion, la légende prend le pas sur la vérité. Da Mo a peut-être existé, tout comme Jésus Christ ou d'autres personnages similaires, mais l'histoire est souvent loin de ce qui est écrit dans les textes religieux. On dit par exemple que Da Mo, durant ses neuf années méditatives, se serait assoupi. Pour empêcher que cela ne se reproduise, il se coupa alors les deux paupières qui, en tombant sur le sol, donnèrent naissance à deux plants de thé. Tout comme le Christ qui changea l'eau en vin ou Moïse qui écarta les eaux du Nil. On dit aussi qu'après la mort de Da Mo, sa tombe fut découverte vide, et que certains le virent se déplaçant vers l'Inde... Ce sont de beaux récits à compter mais dont la vérité historique est plus que contestable. De nos jours et après de nombreuses recherches, les historiens considèrent que, bien qu'il soit possible qu'un moine indien soit venu à Shaolin durant cette période, il n'est certainement pas le créateur du Bouddhisme Chan ni le fondateur des arts martiaux de Shaolin. Le Bouddhisme Chan s'est développé au fil des siècles en s'inspirant d'autres philosophies et religions de la culture chinoise.

 

Quant au qi gong et aux arts martiaux de Shaolin, ils n'ont pas été créés pas Da Mo. D'une part, le Yì Jīn Jīng supposément transmis aux moines par Da Mo n'a en réalité que quelques siècles tout au plus, ce qui rend caduccc toute généalogie des arts de Shaolin depuis le Vème siècle sur cette base. En second lieu, les arts martiaux étaient déjà pratiqués au sein du temple avant la prétendue arrivée de Da Mo. On ne sait pas précisément sous quelle forme ni quel systèmes, mais ils étaient pratiqués. Comme suscité, certains disciples de Batuo étaient des experts dans les arts militaires. Il n'est pas impossible qu'ils aient continué leur pratique martiale après avoir intégré la vie monastique, ni même qu'ils aient transmis une partie de leur savoir en la matière à leurs frère religieux. Remarquons également qu'il n'est pas impossible que Batuo lui-même, originaire du sud de l'Inde, ait pratiqué les arts martiaux. Il existait en effet à cette époque au Kerala dans le sud de l'Inde divers systèmes de combat dont le plus connu est le Kalarippayatt. Si Batuo avait déjà pratiqué cet art, il n'est pas impossible qu'il l'ait ensuite enseigné au sein de Shaolin et qu'il ait ainsi donné naissance aux premiers systèmes de combat du temple. Bien sûr, tout ceci n'est que spéculation mais ce n'est pas pour autant impossible, contrairement aux paupières ayant donnésss des théïers.

 

Enfin, prétendre que tous les arts martiaux descendent de Shaolin est absurde. Il existait bien avant Shaolin des systèmes de combat comme le Shuai Jiao en Chine, une technique de lutte bien plus vieille que le temple lui-même. De surcroit, comment peut-on croire qu'avant Shaolin les arts guerriers n'existaient pas ? Cela serait oublier les armées d'Alexandre le Grand, les joutes des gladiateurs et finalement, l'histoire-même de l’humanité puisque, depuis que les hommes existent, ils n'ont cessé de faire la guerre et de s'entretuer.

Tout comme il faut nuancer les récits des légendes, il convient de nuancer toute réfutation. Si Da Mo a existé, peut-être a-t-il par sa doctrine influencé le développement de la pensée à l'origine du Chan. Peut-être est-il venu à Shaolin. Et, lorsque l'on entend que le temple Shaolin est le berceau de tous les arts martiaux, il faut simplement comprendre comme nous le verrons, qu'ils ont beaucoup influencé l'évolution et le développement des arts martiaux chinois et par conséquent, des systèmes que l'on trouve aujourd'hui. Enfin, ce n'est pas parce qu'il existe de nombreuses légendes dans les arts martiaux de Shaolin que les moines de Shaolin n'étaient pas des experts des arts guerriers.

Les guerriers de Shaolin

Le temple de Shaolin s'est à plusieurs reprises engagé politiquement dans l'histoire de Chine

La renommée des moines de Shaolin dans les arts martiaux heureusement, ne se fonde pas sur Da Mo.

Divers faits d'armes sont en effet attribués aux moines de Shaolin dès le VIIème siècle, notamment leur participation à la bataille de Hulao en 621, permettant au prince Li Shimin d'asseoir la dynastie Tang. On raconte que treize moines guerriers se seraient joints aux forces du prince, ce qui aurait permis à ce dernier de remporter un assaut décisif face à l'armée adverse comportant plus de 500 hommes... En réalité, nous ne savons pas précisément combien de moines participèrent ni combien d'hommes se trouvaient en face, mais il est certain que les moines guerriers de Shaolin jouèrent un rôle important lors de cet affrontement. Il furent d'ailleurs remercier par le prince qui une fois empereur, leur offrit des terres et les autorisa à développer leur propre armée. Il leur autorisa également à manger de la viande et boire de l'alcool (car en tant que moines, ils ne le pouvaient pas).

Dès le VIIIe siècle, le pouvoir politique se méfit des monastères bouddhistes et au IXe siècle, le temple de Shaolin se détruit à deux reprises. Dès la dynastie des Ming en 1368, le pouvoir politique va se rapprocher de Shaolin, conférant un statut militaire aux moines tout en leur confiant certaines missions dont le moine Chang Wo (1376-1428) aura la direction. Il voyagera beaucoup et fera finalement connaitre le style Shaolin aux frontières de l'Empire du milieu (Vietnam, Malaisie, Okinawa, etc.). Il démontrera également ses habiletés de guerrier lorsque nécessaire. Puis au XVIIe siècle, le pouvoir politique changeant, les monastères susceptibles d'être des foyers de rébellion

Jusqu'au XVe siècle, aucun récit n'existe concernant les arts guerriers de Shaolin, qu'il s'agisse des techniques pratiquées dans le temple ou de faits d'armes.

Shaolin durant l'histoire de Chine, n'hésita à montrer sa désaprobation de certains régmes politiques en place ou en tout cas, accueillait parfois en asile des opposants au régime. La pratique guerrière était donc parfois une nécessité bien plus qu'une forme de développement personnel.

Les Arts martiaux de Shaolin

Dès le VIIème siècle, les moines de Shaolin se divisèrent en deux parties, les moines religieux et les moines guerriers. Ces derniers étaient aussi des religieux mais consacraient une grande partie de leur temps à la pratique des arts martiaux, contrairement aux moines religieux qui en faisaient qu'étudier la religion.

Les moines guerriers au fil des siècles développèrent de très nombreuses techniques de combat (techniques de pieds, de poings, de lutte, visant à désarçonner un cavalier, etc.). Mais l'essentiel de leur Art passaient par la pratique d'un entrainement draconien visant à développer toutes les habiletés nécessaires au combat (vitesse, force, équilibre, tonicité, puissance, souplesse, etc.). A cela s'ajouta petit à petit des techniques plus avancées fondées sur le renforcement du corps ("la chemise fer"), le renforcement des armes naturelles (comme "la main de fer"), la frappe des points sensibles du corps humain ("l'art des points vitaux"), etc.

 

Ces derniers s'inspirèrent de surcroit des animaux, tentant de développer leurs points forts. Ils imitèrent ainsi le tigre afin d'en percevoir sa force, le léopard pour son agilité, le serpent pour sa vitesse, etc. D'années en années, et de siècles en siècles, les moines développèrent cet Art à son apogée.

 

Ils pratiquaient également leurs techniques avec divers ustensiles qu'ils pouvaient trouver ici et là, comme un balais, un bâton, des instruments agricoles, etc. Ils étudiaient également le maniement des armes dont ils étaient de véritables experts comme la sabre, l'épée ou la hallebarde, mais ne les utilisaient que très peu. Étant des moines, ils n'avaient pas le droit de tuer et priviligier donc le combat à mains nues ou avec armes non-létales. C'est d'ailleurs pour cette raison que le bâton devint leur arme de prédilection. C'est aussi pour cette même raison que les techniques de pugilistiques de Shaolin sont parmi les plus développées des arts martiaux traditionnels. Par exemple, les samuraïs japonais contrairement aux idées reçues, n'étaient pas des experts du combat à mains nues. Ils étaient des militaires et lorsqu'ils se battaient, devaient tuer au plus vite l'adversaire. Ils employaient donc des armes et fondaient leur entrainement majoritairement sur la pratique de celles-ci.

 

Au fur et à mesure que les siècles passèrent, Shaolin devint de plus en plus connu pour ses arts martiaux, parfois mis en avant lors des dovers opposition du temple face aux régimes politiques en place. Certains maitres prodiguèrent également leur enseignement à l'extérieur du temple, ce qui entraina la création de techniques de combat dérivées des arts de Shaolin un peu partout dans l'Empire du milieu. C'est en cela qu'il faut comprendre le proverbe "tous les arts martiaux sont nés sous le ciel de Shaolin". Disons donc plutôt que de très nombreux arts martiaux chinois découle de l'enseignement de Shaolin. Cela sera plus précis.

Au demeurant, divers écoles chinoises se réclamèrent de Shaolin dans l'histoire, que cela soit vrai ou non, car le nom de Shaolin devint vite gage de qualité. De nos jours d'ailleurs, de nombreux clubs d'arts martiaux et de sports de combat se revendiquent aussi de Shaolin, pour les mêmes raisons.

De nombreux temples en Chine, particulièrement dans le sud, se revendiquèrent également de Shaolin. Il n'existe pas de documents historiques allant en ce sens mais il n'est pas impossible que d'autres monastères suivirent les traces de Shaolin, entretenant une pratique guerrière et faisant face à certains de régimes politiques en place.

La destruction de Shaolin

Le temple de Shaolin fut détruit ou saccagé à plusieurs reprises durant son histoire, particulièrement au XVIIème siècle, du fait que les moines guerriers pouvaient représenter un potentiel danger pour les empereurs en place. Ceci étant, beaucoup des saccccages et de destructions du temple semblent faire partie du folklore chinois plus que de l'histoire, folklore dans lequel quelques moines fugitifs se rebellèrent, tout en enseignant les arts de Shaolin ici et là afin que le savoir

La destruction connue la plus importante date du siècle dernier, en 1928, par le général Shi Yousan. Le temple fut brûlaaa pendant plus d'un mois, ce qui détruisit plus de 90% des constructions. Puis lors de la Révolution culturelle, les gardes rouges humilièrent et emprisonnèrent les moines. Le temple resta ensuite à l'abandon plusieurs années jusqu'à ce que de nombreux donateurs du monde entier, en grande partie des écoles d'arts martiaux, financèrent la reconstruction du temple.

En 1981 le temple réouvrit officiellement ses portes,

Shaolin aujourd'hui

Malgré de nombreux obstacles durant son histoire, le temple de Shaolin a toujours survécu. Il est vrai que les nombreuses destructions du temple ont été à l'origine de la perte de nombreux documents et savoirs, mais l'essentiel perdure et survie encore et toujours, à travers la transmission orale du savoir que pratiquent les moines.

 

Outre les attaques des siècles passés, le XXème siècle fut également terrible pour Shaolin. En effet, le monastère de la jeune forêt dû affronter la mondialisation économique, ainsi qu'un gouvernement chinois atypique, qui chercha à plusieurs reprises à contrôler le temple et ses activités. Quant aux guerres du siècle passé, elles firent des ravages en Chine, et Shaolin ne fut pas épargné. En 1928, le temple fut incendié pendant 40 jours, ce qui détruisit plus des 3/4 du temple. En 1966, lors de la Révolution culturelle, les gardes rouges attaquèrent le temple. Ce dernier fut ensuite laissé à l'abandon pendant plusieurs années. Sa réouverture officielle aura lieu en 1981, et le Shaolin Quan sera remis à l'honneur. Les moines du temple effectueront alors de nombreuses démonstrations afin de promouvoir leur Art auprès du grand public. Leurs démonstrations d'un très haut niveau leur assureront à nouveau la renommée qu'ils avaient connu par le passé. Shaolin ressuscita ainsi de ses cendres...

 

Shaolin, entre tradition et business ?

 

De nos jours, il est difficile de vivre hors du libre marché, de la recherche du profit, de l'argent, des banques, etc. Et cela est également vrai pour des bouddhistes. Le temple est aujourd'hui la proie de milliers de touristes. Ce sont en effet les visites du temple qui permettent aux moines de vivre. Les temps changent, et Shaolin doit s'adapter, sous la garde du responsable Shi Yong Xin, qui gèrent le temple tant en moine qu'en manageur. Néanmoins, il permet le développement du Wu Shu et la survie du temple. Quant aux moines guerriers, ils sont toujours là, et continuent de pratiquer leurs techniques intensément, chaque jour, sans tomber dans le mal omniprésent qui ronge incessamment notre société...

Shaolin Quan Fa

Les techniques de combat de Shaolin, Shaolin Quan Fa (Quan = boxe ; Fa = méthode), sont diverses et variées. La pratique des moines guerriers s'organise autour de techniques de renforcement, d'étirement, et d'une façon plus générale, de préparation physique et mentale lors des premières années de pratique, de manière à préparer le corps et l'esprit à l'entrainement Shaolin. Par la suite, les moines travaillent des exercices de bases (ji ben gong) ; il existe 18 exercices classiques, et des centaines d'autres. Lorsque ces exercices de préparation au Wu Shu sont maitrisés, les moines étudient des Dao Lu. Il s'agit de formes codifiées de mouvements ; chaque forme développant diverses habiletés martiales comme la souplesse, la tonicité, la force, l'équilibre, etc. Il existe des formes traditionnelles, mais également des formes dites zoomorphiques (s'inspirant du comportements des animaux afin d'en saisir leur force), et des boxes comportementales, comme la boxe de l'homme ivre. Chaque forme, en plus de développer de nombreuses habiletés, est constituée de techniques de combat. Chaque mouvement représente une défense face à une attaque, et tous ces mouvements cachent de surcroit de multiples applications martiales.

 

Au delà de ça, les moines travaillent également des formes avec armes. Il existe là encore 18 armes de bases (comme le bâton, la lance, la sabre, l'épée, les demi-lunes, les doubles-crochets, la hallebarde, le tri-bâton, la chaîne à neuf sections, etc.), et des dizaines d'autres...

 

Les moines pratiquent également d'autres disciplines, comme les techniques de gymnastiques, la boxe, etc. De plus, les moines s'entrainent aussi au qigong et aux Arts martiaux internes, pratiquent la méditation afin d'entrainer l'esprit, etc.

 

Leur entrainement est journalier et dure entre 6 et 8 heures. En général, les moines se lèvent au lever du soleil, qui avoisine en été les 4h30 et s'entrainent jusqu'à midi. Ils se reposent ensuite jusqu'à 15 ou 16 heures et reprennent l'entrainement jusqu'au soir.

 

L'invasion estivale de touristes a ralenti leur rythme d'entrainement, mais les moines s'entrainent toujours très durement. Leur entrainement est d'ailleurs réputé pour être un des plus difficiles au monde...

 

Notons que tous les moines ne pratiquent pas les Arts martiaux, certains sont seulement bouddhistes, d'autres pratiquent la médecine ou la calligraphie, d'autres, plusieurs disciplines. Il existe environ 120 vrais moines guerriers à Shaolin...

 

Shaolin et le Wushu moderne

Ce que l'on appelle "Wushu Moderne" n'est qu'une adaptation sportive des Arts martiaux chinois. Le siècle dernier, la Chine a mené une lutte sur tous les plans face aux autres pays, et plus particulièrement face aux Etats-Unis souhaitant dominer le monde, dans une société libérale ou seul le plus fort gagne.

 

Les sports n'ont pas manqué à cette règle et la Chine savait posséder un atout majeur : les Ars martiaux. Le gouvernement chinois essaya donc de développer un commerce autour de ces Arts. Un des objectifs : faire entrer leur discipline aux Jeux Olympiques. Cependant, et bien que possédant les Arts martiaux, la Chine ne possédait pas de technique principale à présenter ; les Arts martiaux chinois étant constitués de multiples styles disparates disséminés dans des milliers d'écoles. Elle décida donc de faire disparaitre tous ces Arts martiaux afin de les réunir dans un seul sport... Mais cette fusion inconsidérée détruisit la richesse et le patrimoine des Arts martiaux. La Chine tenta ainsi de mettre à mal une de ses possessions les plus précieuses, les Arts martiaux, qui faisaient sa grandeur...

 

Au surplus, la Chine instaura une dichotomie dans cette nouvelle pratique, facilitant l'acceptation de cette dernière en tant que sport structuré. En outre, elle divisa ce qu'elle avait retenu des Arts martiaux en deux : la technique, qui serait représentée par les formes codifiées de mouvements, et les techniques de combat, que l'on pratiquerait comme de la boxe. Elle s'empressa donc de sélectionner les plus beaux mouvements de chaque technique de combat pour créer de nouveaux enchainements de mouvements, non basés sur des applications martiales mais sur la beauté du geste. Sur cette base, le gouvernement chinois créa de nouvelles formes codifiées, dont les règles de présentation s'apparentaient à la gymnastique rythmique et à la danse. Cela "tua" de nombreux styles d'Arts martiaux et autres techniques de combat.

 

Le gouvernement chinois mis donc en place un nouveau sport, basé sur ces anciens Arts martiaux, sport composé de deux catégories, la partie technique, n'étant rien d'autre que de la gymnastique rythmique (se tenir la tête droite, sortir la poitrine, faire des acrobaties entre chaque mouvement, porter des habits brillants, pratiquer avec de la musique, etc.) et la partie boxe, appelée Sanda. Notant également que la partie technique était réservée aux femmes et la partie combat aux hommes.

 

La manœuvre du gouvernement chinois ne permit pas aux Arts martiaux chinois d'accéder aux J.O. mais eut de nombreuses conséquences. Beaucoup de personnes ne voient à travers le wushu moderne que de la danse, et assimilent les Arts martiaux chinois traditionnels à cela. Beaucoup de personnes se mettent également à cette pratique afin de reproduire ce qu'ils voient dans les films, pensant imiter Bruce Lee en faisant cela... Sans oublier que la plupart des clubs de wushu moderne rajoutent à leur style l'appellation "Shaolin". Ceci est un geste commercial et leur permet d'avoir de nombreux élèves croyant pratiquer le Kung-Fu Shaolin, alors que cela n'a rien à voir... Ces clubs enseignent même des formes de mouvements s'appelant "boxe de shaolin", "marche de shaolin", etc. Alors qu'il ne s'agit en rien de techniques provenant de Shaolin... Et nombreux sont aussi les instructeurs traduisant des noms chinois de boxe un peu comme ils l'entendent. Ainsi, la position assise devient "l'oiseau sur la branche...".

 

Au delà de ceci, ces formes sportives n'ont absolument plus rien de martial, et ont de loin perdu la substance-même des Arts martiaux...

 

Et le vrai Kung-Fu Shaolin ?

Le style Shaolin n'a pas disparu. Quelques écoles en France l'enseigne (une vingtaine), et en Chine, le temple Shaolin a enseigné ses techniques fondamentales aux écoles environnantes. Ainsi, des dizaines d'écoles d'Arts martiaux entourent le temple Shaolin dans la ville de DengFeng en Chine, enseignant les techniques rudimentaires des moines à des milliers d'élèves.

Ces écoles enseignent de différentes manières le style Shaolin, en bien, ou en mal... Certaines de ces écoles font d'ailleurs un véritable commerce avec le style Shaolin. Les instructeurs se déguisent en moines et enseignent le wushu à quelques groupes d'occidentaux venant chaque été et croyant s'entrainer dans la mecque du Kung-Fu... Et les dits pratiquant rentrent ensuite chez eux pensant avoir réalisé le véritable pélerinage à Shaolin, en s'étant entrainer dans une école s'appelant "l'école du temple", ou "l'école Shaolin", etc. Certains reviennent en France diplômés du "Shaolin Wushuguan", "ou de "la vrai école Shaolin" et se prétendent alors représentant de Shaolin... D'autres se prétendent même être devenu moine de Shaolin... Ce qui bien entendu est faux... Mais cela rapporte, tant à l'égo qu'au portefeuille...

 

La renommée de Shaolin a surpassé l'imaginable... Des producteurs ont même sélectionné de jeunes pratiquants chinois de wushu, leur ont rasé la tête et les ont habillé en moine Shaolin, afin de créer une troupe de démonstration parcourant les Zénith de France afin de faire découvrir au grand public... Les faux moines de Shaolin...

 

D'autres trouvent des volontaires chinois, les habillent en moines, et les mettent dans des spectacles de danse...

 

Bientôt des moines Shaolin chanteurs, électriciens, maçons, etc...

 

Pour conclure...

Le wushu moderne est une bonne chose pour le sport, même si cela tend quelques fois à empoisonner et dénaturer les Arts martiaux. Le business et l'appât du gain, omniprésents à notre époque, a également touché la Chine et Shaolin...

 

Cependant, le Véritable Esprit de Shaolin perdure dans l'enceinte du Temple, dans l'esprit de ses moines et dans l'esprit de toute personne luttant pour la perpétuation de ce savoir...

 

Le savoir est une arme puissante et doit être transmis ; seule l'éducation véritable peut permettre au monde de connaitre et d'évoluer... Transmettez l'histoire des Arts martiaux et celle de Shaolin, informez-vous et intéressez-vous...

C'est ainsi que le monde avance, et que l'Esprit de Shaolin pourra être perpétué à travers les Âges...

 

Quoiqu'il en soit...

 

Le temple Shaolin a survécu à 1500 d'histoire et survivra certainement à notre siècle.

 

Le monde évolue mais les moines restent fidèles à eux-mêmes, à leur tradition, et aux Arts martiaux...

 

"Huaying Shao Lin Si"

 

 

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